Le procès était sensé leur montrer ce qu’il en coûtait de vivre parmi les non-juifs, et les convaincre qu’un Juif ne pouvait vivre honorablement et en toute sécurité qu’en Israël.
Le triomphe des SS exige que la victime torturée se laisse mener à la potence sans protester, qu’elle se renie et s’abandonne au point de cesser d’affirmer son identité. Et ce n’est pas pour rien. Ce n’est pas gratuitement, par pur sadisme, que les hommes des SS désirent sa défaite. Ils savent que le système qui consiste à détruire la victime avant qu’elle ne monte à l’échafaud est, sans comparaison, le meilleur pour qui veut maintenir tout un peuple en esclavage, en état de soumission. Il n’est rien de plus terrible que ces processions d’êtres humains allant à la mort comme des mannequins.
Un « idéaliste », tel que le concevait Eichmann, n’était pas seulement quelqu’un qui croit en une « idée », ni quelqu’un qui ne vole pas et n’accepte pas de pots-de-vin. Ces qualités étaient indispensables, certes ; mais un « idéaliste » était quelqu’un qui ne vivait que pour son idée et qui était prêt à sacrifier tout et tout le monde, à cette idée.
On pouvait faire confiance aux responsables juifs : ils dressaient des listes de personnes et des biens, ils obtenaient, des déportés eux-mêmes, les fonds correspondant à leurs frais de déportation et d’extermination, ils recensaient les appartements laissés vides, ils fournissaient des policiers qui participaient à la capture des Juifs et les mettaient dans les trains, et enfin, ils remettaient dûment les fonds de leur communauté juive aux nazis pour confiscation immédiate.
« Hitler a peut-être eu tort du début jusqu’à la fin, mais il y a un fait indiscutable : cet homme-là a été capable de se hisser du rang de soldat de première classe dans l’armée allemande, à celui de Führer de près de quatre-vingts millions d’âmes… La seule réussite de cet homme était preuve que je devais m’incliner devant lui. »