Deux certitudes, qu’il n’a cessé d’étayer, caractérisent l’approche que fait Fazlur Rahman du Coran. La première : le Coran doit être traité comme un tout cohérent et unifié, et non de façon parcellisée, en ne prenant en compte que des versets isolés. En effet, selon Fazlur Rahman, il y a une « vision du monde », une Weltanschauung, essentielle du monde du Coran. La deuxième : le Coran mérite d’être abordé comme un livre d’éthique et de guidance, duquel peuvent être tirés des principes juridiques. Mais il ne saurait être le « lieu » où l’on peut trouver en permanence une loi toute prête qu’il suffirait d’adopter.
Répondant à ceux qui l’accusent de manquer de respect au Coran, Abû Zayd rétorque : « Je vénère le Coran plus que le font tous les salafites. Les salafites le cantonnent au rôle de prescription (halal) ou d’interdit (haram), et cela bien qu’il s’agisse d’un texte qui a été productif pour les arts. (…) Que de choses restent cachées à cause de la restriction à la prescription et à l’interdit ! En réalité, personne ne goûte le Coran. Nous lisons le Coran et nous avons peur, ou bien nous rêvons de paradis. Nous transformons le Coran en un texte qui procure des encouragements et qui intimide, en un bâton et une carotte. Je veux libérer le Coran de cette prison, afin qu’il soit à nouveau productif pour l’essence de la culture et des arts, qui sont étranglés dans notre société.