Certaines contradictions de l’histoire moderne se sont éclairées à mes yeux dès que j’ai bien voulu tenir compte d’un fait qui d’ailleurs crève les yeux : l’homme de ce temps a le cœur dur et la tripe sensible.
Nous avons eu des rois égoïstes, ambitieux, frivoles, quelques-uns méchants, je doute qu’une famille de princes français eût manqué de sens national au point de permettre qu’une poignée de bourgeois ou de petits bourgeois, d’hommes d’affaires ou d’intellectuels, jacassant et gesticulant à l’avant-scène, prétendissent tenir le rôle de la France, tandis que notre vieux peuple, si fier, si sage, si sensible devenait peu à peu cette masse anonyme qui s’appelle un prolétariat.
Le Monde a tout ce qu’il faut, et il ne jouit de rien parce qu’il manque d’honneur. Le Monde a perdu l’estime de soi. Or, aucun homme sensé n’aura jamais l’idée saugrenue d’apprendre les lois de l’honneur chez Nicolas Machiavel ou Lénine.