M. Peres voulait venir donner chez nous une conférence sur la paix. En buvant le café, je lui rappelle que je suis originaire de Bar-am et que les habitants de mon village attendent toujours leur retour. Il me dit : « Mais, père Chacour, regardez votre école ! Vous avez construit un palais ici ! C’est formidable ! C’est bien mieux que nos écoles juives ! Et cela fait cinquante ans que vous êtes là ! Vous avez quitté Bar-am à l’âge de huit ans. Après cinquante ans, vous ne pensez pas qu’il est temps d’oublier ? Quand allez-vous oublier Bar-am ? » Je le regarde et lui réponds : « M. Peres, pardonnez-moi si ce que je vais vous dire est un peu trop osé. Mais vous ne vous en souvenez pas ? Vous avez quitté la Palestine il y a deux mille ans et vous revenez pour faire de notre vie un enfer. Dîtes-moi, M. Peres, quand allez-vous oublier que la Palestine est votre pays ? » Il m’a dit : « Je vous prie de m’excuser, j’ai mérité cette réponse. »
Il ne suffit pas de ne pas faire le mal, il faut aussi faire le bien.
Nous autres chrétiens n’avons pas le monopole du Saint-Esprit. Les autres peuvent faire autant de bien que nous en sommes capables. Il faut savoir lire la présence de Dieu en chacun de nous et occulter notre affiliation religieuse, politique ou raciale.
Malgré sa force militaire, l’Amérique ne pourra jamais résoudre le problème du terrorisme seulement par les armes. Car le terrorisme est le résultat de l’injustice avant d’être celui d’une doctrine. Nous ne sommes pas plus intelligents que les prophètes de l’Ancien Testament qui disaient : « Si vous voulez la paix et la sécurité, commencez par pratiquer la justice et l’intégrité. » Et je le répète à tout le monde, à toute la communauté internationale : « Essayez de parler moins. Car vous parlez beaucoup de paix, mais vous préparez la guerre. »
La paix n’a pas besoin de contemplateurs mais d’entrepreneurs. La paix a besoin de personnes courageuses qui se lèvent et se salissent les mains pour elle.