Prière trouvée dans la poche d’un soldat tombé au champ d’honneur
Eh bien voilà, Dieu,
Je ne vous ai encore jamais adressé la parole.
Comment ça va ?
Voyez-vous, ils me disaient que vous n’existiez pas,
Et moi, comme un imbécile, je les croyais.
La nuit dernière, d’un trou de bombe,
Je voyais votre ciel.
Je me suis bien rendu compte alors qu’ils me disaient un mensonge.
Avais-je pris le temps de voir les choses que vous avez faites ?
J’aurais compris alors qu’ils n’appelaient pas une bêche une bêche.
Je me demande, Dieu, si vous accepteriez de me serrer la main.
De toute façon, je sens que vous me comprendrez.
C’est drôle, quand même, que j’aie été forcé de venir dans cet enfer
Avant d’avoir eu le temps de voir votre visage.
Je vous aime beaucoup, cela je tiens à ce que vous le sachiez.
Voyez donc, cela va être une horrible bataille.
Qui sait ? Je pourrais bien arriver chez vous cette nuit.
Bien sûr, je n’ai pas été très copain avec vous auparavant.
Je me demande, Dieu, si vous m’attendez à la porte.
Voilà que je me mets à pleurer, moi, à verser des larmes :
Je voudrais vous avoir connu des années.
Bon, il faut que je m’en aille, Dieu. Au revoir.
Bizarre, depuis que je vous ai rencontré, je n’ai plus peur de mourir.
Prière pour les vocations du père Louis-Joseph Lebret
Ô Dieu, envoie-nous des fous,
Qui s’engagent à fond,
Qui oublient,
Qui aiment autrement qu’en parole,
Qui se donnent pour de vrai et jusqu’au bout.
Il nous faut des fous,
Des déraisonnables,
Des passionnés,
Capables de sauter dans l’insécurité :
L’inconnu toujours plus béant de la pauvreté.
Il nous faut des fous du présent,
Epris de vie simple,
Amants de la paix,
Purs de compromission,
Décidés à ne jamais trahir,
Méprisant leur propre vie,
Capables d’accepter n’importe quelle tâche,
De partir n’importe où :
A la fois obéissants,
Spontanés et tenaces,
Doux et forts.
Ö Dieu, envoie-nous des fous.
Anonyme trouvé dans un manuscrit du Moyen-Âge
Un prêtre doit être :
A la fois grand et petit,
Noble d’esprit comme de sang royal,
Simple et naturel, comme de souche paysanne,
Un héros dans la conduite de soi,
Un homme qui s’est battu avec Dieu,
Une source de sanctification,
Un pécheur que Dieu a pardonné,
De ses désirs, le maître,
Un serviteur pour les timides et les faibles,
Qui ne s’abaisse pas devant les puissants,
Mais se courbe devant les pauvres,
Disciple de son Seigneur,
Chef de son troupeau,
Un mendiant aux mains largement ouvertes,
Un porteur de dons innombrables,
Un homme sur le champ de bataille,
Une mère pour réconforter les malades,
Avec la sagesse de l’âge et la confiance de l’enfant.
Tendu vers le haut, les pieds sur la terre,
Fait pour la joie,
Connaissant la souffrance,
Loin de toute envie, clairvoyant,
Parlant avec franchise,
Un ami de la paix,
Un ennemi de l’inertie,
Constant à jamais.