La vie de chaque homme est un chemin vers soi-même, l’essai d’un chemin, l’esquisse d’un sentier. Personne n’est jamais parvenu à être entièrement lui-même ; chacun, cependant, tend à le devenir, l’un dans l’obscurité, l’autre dans plus de lumière, chacun comme il peut.


Rien ne coûte plus à l’homme que de suivre le chemin qui mène à lui-même.


L’oiseau cherche à se dégager de l’œuf. L’œuf est le monde. Celui qui veut naître doit détruire un monde.


Tout se faisait d’après le même patron. Chacun imitait l’autre, et la gaieté échauffée me parut factice, artificielle à un degré affligeant. Partout, l’on se réunissait, l’on se groupait, l’on fuyait sa destinée, l’on se réfugiait dans la chaude atmosphère du troupeau.


Il est toujours dur de naître. Vous savez que l’oiseau a de la peine à sortir de l’oeuf. Demandez-vous si le chemin était vraiment si dur. Etait-il seulement difficile, ou beau aussi ?


Nous, les porteurs du signe, pouvions à bon droit passer aux yeux du monde pour étranges, insensés et dangereux. Nous étions des hommes éveillés ou en train de s’éveiller et nous aspirions à le devenir toujours plus complètement, tandis que les efforts des autres, leur recherche du bonheur, consistaient uniquement à adopter leurs opinions, leurs idéaux, leurs devoirs, leur vie et leur bonheur à ceux du troupeau. Chez eux, aussi, il y avait effort, force et grandeur. Mais alors que, selon notre conception, nous incarnions la volonté de la nature dirigée vers l’avenir, le nouveau, l’individuel, eux, s’étaient fixés comme but le maintien du passé. Pour eux, l’humanité représentait quelque chose d’achevé qui devait être conservé et protégé. Selon nous, l’humanité représentait un avenir lointain vers lequel nous étions en marche, dont l’image n’était connue de personne et les lois écrites nulle part.


Vous ne devez pas vous livrer à des rêves auxquels vous ne croyez pas. Vous devez renoncer à ces désirs ou les désirer vraiment.