L’homme peut être aliéné par ses propriétés, possédé par ce qu’il croit posséder, pris par ce qu’il se figure avoir acquis. Alors il n’est plus libre.
Parce qu’on ne parvient pas à rester fidèle dans la prière, on ne prie plus. Parce qu’on ne réussit pas à observer tel commandement de Dieu, on y renonce complètement. Parce qu’on n’arrive pas à se corriger de tel défaut, on cesse de vouloir en être délivré et de le demander à Dieu. Bref, parce qu’on ne correspond pas à l’image que l’on s’est faite de la perfection, on capitule devant l’appel à la sainteté.
Or devenir saint, ce n’est pas être satisfait de soi et se déclarer soi-même parfait. Mais c’est, alors même qu’on se sait pécheur, ne jamais se lasser de demander à Dieu d’être sanctifié, c’est-à-dire délivré de son péché ; c’est avoir soif du pardon de Dieu et faim de sa miséricorde.
La vocation personnelle est inséparable de la vocation de toute l’Eglise. Beaucoup sont enclins à faire de la sainteté une question individuelle, sans rapport avec leur relation à l’Eglise. Ils ne voient en celle-ci qu’une structure humaine parmi d’autres, et ils la jugent gênante, oppressive, un peu comme Jean-Jacques Rousseau attribuait à la société la corruption de l’homme, présumé naturellement innocent. Mais cette attitude envers l’Eglise revient à oublier que la vocation personnelle de chacun à la sainteté n’a de sens qu’à l’intérieur de la vocation commune du peuple de Dieu tout entier !