Il est nécessaire de penser la qualité du bien social comme un bien commun à viser pour lui-même, sans en faire un auxiliaire de la croissance économique. La raison d’être du vivre-ensemble n’est pas notre condition de consommateurs !
Comment passer d’un hédonisme consumériste éphémère et nocif à une sobriété solidaire et savoureuse ?
Non, la poursuite des intérêts privés sous le mode de la compétition dans des marchés jamais complets et toujours imparfaits ne favorise pas le bien-être de tous. Alors changeons de modèle ! Ceci suppose de faire de la finalité écologique et sociale ce vers quoi l’entreprise doit s’orienter et ce à quoi le marché doit être ordonné.
L’époque contemporaine marque la prise de conscience des dysfonctionnements d’un modèle où la représentation est comprise beaucoup plus comme la défense d’intérêts privés à court terme que comme la contribution de chaque acteur à un projet collectif non seulement au service de l’intérêt général, compris comme le respect des règles du jeu du marché, mais aussi au service des biens communs fournis par la nature et par les cultures de l’humanité.
La première grande force du modèle économique actuelle est sa capacité à nous ensorceler. Il ne nous rend pas heureux, mais il contribue à un bien-être matériel dont nous nous passons difficilement, une fois goûté. Reposant également sur un monde d’images, il nourrit nos représentations collectives et renforce son pouvoir attractif sur ceux qui n’en bénéficient pas. Bref, nous renâclons à y renoncer, tout simplement parce que nous préférons, à l’inverse de l’injonction de Stuart Mill, “être des porcs satisfaits plutôt que des Socrate insatisfaits” ! Nous voudrions surtout tellement qu’“ordre et beauté, luxe, calme et volupté” soient notre lot, sans sacrifice aucun…