Sa compagne lui dit : “Je rêve de vengeance.
S’il revenait vers vous un jour, mourant de faim,
Vous passeriez sans voir son indigence.
— Je lui dirais : j’allais manger, mange mon pain.
— S’il revenait aveugle et pleurant l’infidèle
Qui l’a laissé sans guide au milieu du chemin,
Vous lui diriez : va-t’en ! Va t’abriter près d’elle.
— Je dirais : cherchons-la, viens, donne-moi la main.
— S’il revenait lépreux, lui qui dans son bel âge
Se détourna de vous avec un air moqueur,
Ah ! comme vous ririez !
— Ne crois pas ton visage,
Dirais-je, pour te voir, mire-toi dans mon coeur.
— Quel coeur lâche et servile est-ce donc que le vôtre !…
Mais si, faute de mieux, son coeur usé demain
Retourne à votre amour quand il n’en a plus d’autre ?
— Enfin ! murmurerais-je entre ses bras, enfin !”