L’islam est-il au cœur de la crise identitaire européenne ? Mezri Haddad

La culture arabo-islamique aussi a intégré les influences étrangères. C’est même le secret du triomphe de la civilisation islamique à un certain moment de son histoire. Et si cette civilisation a décliné, c’est probablement en raison de sa fermeture à tout ce qui n’est pas islamique et de son attachement obsessionnel à préserver son identité de toute contagion extérieure. J’appelle cela le syndrome de l’immaculée conception. Le monde arabo-islamique a su conserver son identité, mais sa civilisation est tombée dans la décadence. C’est tout le contraire de l’Occident, qui a beaucoup perdu de son identité mais dont la civilisation a surpassé toutes les autres au point de s’imposer au monde comme le modèle paradigmatique par excellence. Sans doute la source du problème est-elle dans cette contradiction fondamentale et irréductible entre identité et universalité. Peut-être faudrait-il choisir entre les deux… à moins d’élever le relativisme culturel ou le cosmopolitisme au rang d’universalisme !

Pour Gilles Kepel, l’islam de France n’a pas encore choisi entre deux orientations : soit un « aggiornamento à valeur exemplaire pour le reste du monde », soit une mutation en « tête de pont d’un prosélytisme qui, à en croire les plus exaltés, assurerait la troisième et victorieuse expansion islamique sur le sol européen. »