Nous poursuivons souvent le rêve de la perfection de notre famille, de notre couple, de notre communauté, refusant un monde blessé, meurtri, une relation abîmée, un amour imparfait. Le risque est alors d’être emprisonné dans l’idéal que nous nous sommes fixés. C’est un rêve de toute-puissance.


Se charger d’un fardeau qui ne nous appartient pas, vouloir régler à tout prix le problème de l’autre, trouver obligatoirement une solution à ses problèmes, lui éviter toute forme de souffrance, combler ses déficiences, vouloir absolument le « sauver », à notre façon et par nos propres forces, relève d’un mouvement de toute-puissance camouflé derrière une apparence de don, de générosité. Vivons un amour vrai, dans une compassion justement située. Cela demande du courage, car il est plus facile de s’engouffrer dans une fausse pitié que de prendre un chemin vrai. Il s’agit d’aider, d’écouter, d’accueillir l’autre pour lui permettre d’être ce qu’il est, mais sans pour cela nous charger de son fardeau. Rendre à chacun son chemin, cela peut se faire dans un mouvement d’amour tout à fait authentique.


Derrière la convoitise, nous trouvons la peur de perdre, de ne plus être aimés ni reconnus, de ne rien valoir, de perdre notre place, mais aussi le désir de prendre, d’accaparer. Nous ne voulons pas que quelque chose nous échappe, nous voulons être aimés, appréciés, valorisés comme l’autre l’est. Nous voulons ses dons, son intelligence, sa forme de communication, son charme qui fait qu’il mobilise l’attention.


La volonté de Dieu n’est pas d’abord que tu choisisses ceci ou cela : c’est que tu choisisses au terme d’une réflexion loyale, libérée de l’égoïsme comme de la peur, la manière la plus féconde, la plus heureuse de réaliser ta vie, compte tenu de ce que tu es, de ton passé, de ton histoire, des rencontres que tu as faites, quelle réponse personnelle peux-tu donner aux appels que tu as perçus dans l’évangile ?