Les humains dont l’esprit est frappé d’un handicap seraient-ils donc à reléguer dans une zone d’exclusion signalée par la pancarte « Inutiles » ? Si l’on s’en tient au seul respect des facultés intellectuelles de l’être humain, en oubliant l’âme, telle est bien la conclusion logique. Et alors l’inhumain n’est pas loin, comme on l’a vu avec la stérilisation pratiquée au XXe siècle sur les handicapés dans plusieurs pays, sans parler de leur extermination systématique sous le régime nazi. N’oublions pas que tous ces hommes, ces femmes, ces enfants, ces vieillards, dans leurs épreuves, n’ont pas perdu une once de leur âme. En leur qualité d’âme réside la valeur fondamentale dont je parle. Moi qui ne jurais jadis que par l’esprit, depuis que, sur le tard, je détiens cette vérité pourtant simple et évidente, je me sens plus équitable par rapport aux êtres. Et je suis d’autant plus admiratif envers celles et ceux qui se sont non seulement penchés sur le sort des « pauvres en esprit », mais qui – à l’instar d’un Jean Vanier, le fondateur de l’Arche – ont compris qu’une société proprement humaine ne peut que se mettre à leur écoute.