Maurice Zundel (1897-1975), prêtre suisse, mit toute sa vie au service de la rencontre de Dieu en l’homme. Paul VI le décrivit comme « un génie, génie de poète, génie mystique, écrivain, théologien ».
Si Dieu pouvait accepter un hommage forcé, imposé par un empereur, par un pape ou par un roi, ou par un groupe, ou par une collectivité, ou par une famille, s’il pouvait accepter un tel hommage, Il l’aurait imposé aux hommes dès le commencement et la Croix ne se dresserait pas à tous les carrefours des pays qui se croient chrétiens, pour rappeler justement que Dieu, c’est Celui qui n’impose pas son Amour, c’est Celui qui le propose et qui préfère mourir plutôt que de faire violence à une conscience dont le choix doit être absolument spontané, personnel et libre.
Le cri de la femme pauvre que je répète si souvent, qui me disait : « La grande douleur des pauvres, c’est que personne n’a besoin de leur amitié », traduisait de la façon la plus pathétique ce refus d’être traité simplement comme quelqu’un qui a besoin de manger. « On vient chez nous, d’ailleurs pas pour nous, car les riches qui nous aident le font simplement pour aller sans remords à leurs plaisirs. Il nous jettent une miette avant d’aller dépenser une fortune pour leurs plaisirs, pour que leurs plaisirs ne soient pas empoisonnés par l’idée qu’ils nous ont laissé crever ! Mais personne ne vient chez nous avec le sentiment que chez nous ils pourraient trouver une maison, ils pourraient rencontrer une amitié. Pour tous ces riches, nous n’avons pas d’âme, nous n’existons pas, nous sommes simplement un organisme affamé, gênant, qu’il faut bien entretenir pour n’avoir pas le remords d’un crime commis. Mais personne ne nous aime, personne ne s’arrête chez nous avec le sentiment que nous aussi, nous aurions quelque chose à donner. »