Faire oraison c’est se rendre en pèlerinage au sanctuaire intérieur pour y adorer le vrai Dieu.
Et si vous voulez que votre vie tout entière devienne une longue oraison, une vie en présence de Dieu, une vie avec Dieu, si vous voulez devenir des âmes d’oraison, sachez, au long du jour, rentrer souvent en vous-même pour adorer le Dieu qui vous attend. Pas n’est besoin d’un long moment : une plongée d’un instant et vous revenez à vos tâches, à vos interlocuteurs, mais rajeuni, rafraîchi, renouvelé.
« Seigneur, j’aime la beauté de ta maison et le lieu où habite ta Gloire. » En récitant ce psaume, les Juifs pensaient au temple de Jérusalem ; le chrétien, lui, évoque son âme de baptisé.
Je vous engage vivement à veiller aux gestes et attitudes du début de l’oraison. Une génuflexion très bien faite, acte de l’âme autant que du corps ; une attitude physique nette et forte d’homme éveillé, présent à soi-même et à Dieu ; un signe de croix, lent, chargé de sens. Lenteur et calme sont d’une grande importance pour rompre le rythme précipité et tendu d’une vie affairée et pressée comme la vôtre. Quelques instants de silence : comme un coup de frein, ils contribueront à vous introduire au rythme de l’oraison et à opérer la rupture nécessaire avec les activités précédentes. Il peut être bon aussi de réciter une prière vocale, très lentement, à mi-voix.
Le chrétien qui veut prier commence donc par s’agenouiller auprès de sa Mère priante. Lorsque, gagné par le recueillement de celle-ci, il entre par l’oraison dans la compagnie de son Dieu, c’est au tour de Marie de se faire présente à sa prière à lui. Car s’il est un spectacle de la terre qui émeut et réjouit son coeur maternel, c’est bien de voir un des siens s’essayer à parler au Seigneur et à l’écouter. Et, comme on abrite des deux mains une fragile flamme dans le vent, Marie, de sa toute-puissante prière, protège l’oraison de son enfant.
Quand dans l’Eglise la vie contemplative décroît, l’erreur sous des formes diverses se développe – tel aujourd’hui l’athéisme militant, dont un des Pères du Concile disait qu’il est « l’erreur la plus grave, la maladie mortelle de notre temps ».
Ce raz de marée, qui menace de submerger la terre, ne sera repoussé que si d’abord l’Eglise entreprend un immense effort pour que refleurisse en son sein la vie contemplative, pour que dans tous les milieux surgissent de véritables contemplatifs. Alors on ne gémira plus sur le manque d’apôtres, alors se multiplieront les prophètes du Dieu vivant.