Quand tu te sens sec, froid et triste en priant et en méditant les bienfaits de Dieu, tu ne dois pas, à cause de cela, désespérer et cesser d’invoquer humblement Jésus, mais, dans la pauvreté de ton esprit, loue Dieu, rends grâce et, pour ta consolation, lis volontiers ce verset : « Que le pauvre et le malheureux louent ton Nom, Seigneur ! » Beaucoup de saints et de dévots furent parfois arides et abandonnés de Dieu pendant un long moment, afin d’apprendre la patience et la compassion pour autrui, à travers l’expérience de la douleur et du manque. Ainsi apprenaient-ils à ne pas avoir une confiance excessive en eux-mêmes au temps de la ferveur et de la joie. Lis aussi avec le prophète, cet autre verset du psaume : « Pour moi, je suis pauvre et indigent, mais le Seigneur prendra soin de moi. » Je fais confiance au Seigneur, car il est ma force et mon salut ; c’est la vérité : tout bien vient de Dieu.


La chair suggère la concupiscence, l’esprit, l’orgueil ; le diable suggère l’envie ; le monde, la vanité. Le Christ, lui, enseigne le contraire puisqu’il convainc de garder la chasteté, l’humilité, la charité, et le mépris du monde pour mériter le règne de Dieu et échapper aux peines de l’enfer.


Aime donc ta cellule et le silence, si tu veux demeurer intérieurement fervent et pacifié. Il doit être courageux et sur ses gardes, celui qui la quitte pour le monde et ne se laisse pas attaquer intérieurement par des choses nuisibles.


Un frère interroge un ancien : « Qu’est-ce qui, dans l’Ordre est recommandé de plus profitable pour obtenir la paix et la dévotion ? » Il reçu cette réponse remarquable : « Garder le silence établi par les pères, éviter le bruit du monde et l’oisiveté. » Les trois choses que voici sont très nécessaires dans l’Ordre, très agréables à Dieu et aux anges : travailler des mains pour lutter contre l’oisiveté, aimer l’effort de la lecture pour lutter contre le dégoût du cœur, prolonger la pratique de l’oraison pour lutter contre les ruses du diable.