Le Christ ne laisse pas orphelin le genre humain : il l’assiste toujours de sa continuelle et puissante protection en se faisant notre avocat au ciel auprès du Père ; mais il l’aide aussi par son Eglise, dans laquelle il perpétue sa divine présence au cours des siècles, qu’il a établie la colonne de la vérité et la dispensatrice de sa grâce, et que par le sacrifice de la Croix il fonda, consacra et affermit à jamais.
La sainte liturgie est donc le culte public que notre Rédempteur rend au Père comme Chef de l’Eglise ; c’est aussi le culte rendu par la société des fidèles à son Chef et, par lui, au Père éternel : c’est, en un mot, le culte intégral du Corps mystique de Jésus-Christ, c’est-à-dire du Chef et de ses membres.
Le Saint Sacrifice de l’autel n’est donc pas une pure et simple commémoration des souffrances et de la mort de Jésus-Christ, mais un vrai sacrifie, au sens propre, dans lequel, par une immolation non sanglante, le Souverain Prêtre fait ce qu’il a fait sur la Croix, en s’offrant lui-même au Père éternel comme une hostie très agréable.
Que les âmes des chrétiens soient comme des autels, sur lesquels les diverses phases du sacrifice qu’offre le Grand Prêtre revivent en quelque sorte les unes après les autres : les douleurs et les larmes qui effacent et expient les péchés, la prière adressée à Dieu, qui s’élève jusqu’au ciel ; la consécration et comme l’immolation de soi-même faite d’un coeur empressé, généreux et ardent ; l’union très intime enfin par laquelle, nous abandonnant à Dieu, nous et tout ce qui nous appartient, nous trouvons en lui notre repos.
Nous ne pouvons, cependant, Nous empêcher – et c’est pour Nous un devoir de conscience – de déplorer et de réprouver ces images ou ces statues introduites récemment par quelques-uns, et qui semblent bien être une dépravation et une déformation de l’art véritable, en ce qu’elles répugnent parfois ouvertement à la beauté, à la réserve et à la piété, par le regrettable mépris qu’elles font de l’instinctif sentiment religieux ; il faut absolument bannir ou expulser ces oeuvres de nos églises.
Ayez donc grand soin que le jeune clergé, en même temps qu’il s’initie aux disciplines ascétiques, théologiques, juridiques et pastorales, soit formé à l’intelligence des cérémonies sacrées, à la compréhension de leur majestueuse beauté, et qu’il en apprenne diligemment les règles, appelées rubriques. Cela, non dans un motif de pure érudition, ni afin seulement que le séminariste puisse, un jour, accomplir les rites religieux avec l’ordre, la bienséance et la dignité convenables, mais surtout pour qu’il s’adonne, dès le cours de sa formation, à une très intime union avec le Christ-Prêtre et devienne un saint ministre des choses saintes.
Prenez garde que ne s’infiltrent dans votre troupeau les erreurs pernicieuses et subtiles d’un faux « mysticisme » et d’un nocif « quiétisme », et que les âmes ne soient séduites par un dangereux « humanisme », ni par l’introduction d’une fallacieuse doctrine, altérant la notion même de la foi catholique, ni enfin, par un retour excessif à l’ « archéologisme » en matière liturgique.