On ne peut pas effrayer par la menace de la faim quelqu’un qui ne cherche qu’à jeûner, par la menace de la ruine quelqu’un qui vit de la mendicité, par la menace d’une volée de coups quelqu’un qui saute de joie à l’idée d’être battu. Et c’est une tiède consolation que de traiter par le mépris quelqu’un dont toute la dignité tient à un avilissement consenti de plein gré et que lui mettre la corde au cou, c’est risquer de lui mettre une auréole !
François voulait mener les croisades à leur terme, c’est-à-dire y mettre fin en réalisant leur dessein. Mais il souhaitait convaincre et non conquérir ou, si l’on veut, il souhaitait conquérir des âmes par la conversion et non vaincre des peuples par les armes. Les intellectuels modernes, qui ne sont jamais contents, traitent généralement Godefroy de Bouillon de fanatique sanguinaire et saint François d’illuminé. L’esprit moderne est ainsi fait qu’il déclare immorale la manière forte et irréaliste la non-violence.