Si les parents n’apprennent pas à l’enfant à supporter les frustrations en lui faisant découvrir en lui toutes les ressources qu’il a pour y faire face, si les parents comblent le manque dès qu’il s’exprime chez l’enfant, ces erreurs psychologiques vont creuser le lit de certains péchés capitaux : la gourmandise, la paresse, la luxure et la tristesse.

Si l’enfant vit trop de frustrations, s’il n’est jamais comblé, la même fragilité psychique se construira. Trop de manques ou trop peu de manques aboutissent à la même déficience de forces psychiques.

Si la fragilité psychique est trop grande, ce n’est pas la racine du péché capital qui apparaîtra mais la maladie mentale : alcoolisme, dépression, dépendance sexuelle, troubles alimentaires etc. Ce ne sera plus une tendance psychique liée aux désirs-illusions, mais une force pulsionnelle irrésistible dépassant la liberté humaine.


Croire que le mal est à l’intérieur de l’homme, entraîne une très grande responsabilité individuelle plutôt que collective, pouvant induire une culpabilité individuelle très lourde. La culpabilité maladive du dépressif mélancolique et du névrosé obsessionnel sont typiques de l’Occident.

Par contre, croire que le mal vient de l’extérieur de l’homme favorise les projections, typiques des populations africaines. Les coupables sont à l’extérieur et il faut les combattre. Les coupables sont les peuplades voisines ou les mauvais esprits dont il faut être délivré à l’aide de rituels magiques. Ces croyances peuvent faciliter des décompensations psychotiques délirantes.

Pour les populations du Maghreb, le mal n’est pas grave s’il reste caché. S’il est dévoilé, il détruit toute une famille. Seul le mal dévoilé provoque une culpabilité collective. Cette croyance facilite la dissociation perverse entre ce qui est montré à l’extérieur et ce que l’on est vraiment dans l’intimité.


Chacun possède une certaine image de soi, et même un certain idéal, les deux étant liés. Lorsque tout à coup, le sujet commet un mal, l’image qu’il reçoit de lui-même entre en conflit avec son idéal. Lorsque l’écart est très fort entre les deux, le sujet subit un choc et se déstabilise : il ne sait plus très bien qui il est, il s’inquiète de celui qu’il est devenu, ou il en conçoit une terrible déception ou auto-mépris. Il subit une blessure narcissique, une destruction narcissique. Cela arrive souvent chez des personnes qui ont un idéal très élevé.


Quelqu’un qui se confesse régulièrement, s’il est en véritable progrès spirituel par la grâce de Dieu et grâce à son effort personnel également, sentira que ce sacrement le transforme profondément au long du temps. Il ne s’agira plus seulement de s’attacher à dire ou à regretter telle faute, même si la lutte continue à ce niveau-là (sinon, on abuse de la miséricorde de Dieu), mais on sentira que la relation à Dieu et aux autres que Dieu aime autant que nous-mêmes, s’approfondit dans un aveu fait d’humilité et de confiance, qui se dispose de plus en plus à une réparation décidée et sereine, qui nous fortifie et nous pacifie à la fois, dans un grand exercice de patience avec nous-mêmes et les autres. Le sacrement de confession est une entrée sans cesse plus profonde dans l’amour de Dieu lui-même pour moi et pour tous les hommes. Il est un travail psychique, rationnel, et surtout surnaturel, d’une culpabilité qui au point de départ n’était peut-être pas très éclairée, mais avec le temps se transforme en une délicatesse d’âme qui nous conduit à communier à la sainteté de Dieu.


Ce qui rend le couple heureux, c’est exactement ce qui rend le célibataire consacré heureux, et inversement : ce sont les attachements profonds et fiables, ce n’est pas la sexualité comme telle. Même si celle-ci est souvent un chemin privilégié pour créer ces attachements.

Dans son premier livre, Nicole Jeammet proposait, pour décrire les liens (ou l’absence de liens) dans le couple, une typologie à quatre entrées, dont les trois premières relèvent en fait de la pathologie narcissique : 1) la sexualité sans visage, 2) la sexualité papillonnante, 3) la sexualité totalisante ; 4) ou la sexualité et l’amour de mutualité, c’est-à-dire l’attachement qui pacifie les pulsions. Ce dernier type d’amour doit apprendre à vivre les quatre paradoxes suivants : un amour de l’autre inséparable d’un amour de soi ; une liberté qui s’éprouve dans la dépendance ; une exclusivité qui s’ouvre à tous ; une communion qui suppose l’accès à une aire de solitude. Où l’on voit finalement que si la sexualité peut être un mode privilégié de création de liens et d’attachements affectifs profonds, en retour, ce sont ces liens eux-mêmes qui pacifient la sexualité.