Dans le monde de l’amour, le monde de la personne, du mystère de la personne, celle-ci n’est pas une chose dont on s’empare mais une liberté qui se donne. Et ce don d’amour est une manière de miracle, imprévisible, gratuit toujours.


Le Christ a fait beaucoup pour l’amour, mais il exige des époux qu’ils ne restent pas oisifs. L’amour, merveilleusement sauvé et appelé aux plus saintes destinées, demeure vulnérable et menacé. Ce ne sont pas des grâces d’immunité que le Christ lui a données, mais des grâces de labeur et de combat qui lui assurent la force de surmonter les tentations (l’habitude n’est pas la moins redoutable) et de triompher des ennemis du dehors et du dedans. L’amour qui refuse le labeur et le combat est un amour vaincu d’avance. Il n’y a de paix pour l’amour qu’une paix armée.


Heureux ces époux dont l’amour a pour première ambition de s’entraider à répondre toujours plus généreusement à l’appel de Celui qui, dans l’Ancien et le Nouveau Testament, s’est toujours présenté comme l’Epoux. « L’amour, m’écrivait un homme marié, engendre le désir de voir l’autre se réaliser en plénitude. Je sais que ma femme ne pourra être comblée dans sa vocation d’épouse que par le seul Epoux : le Christ, et je l’aime trop pour ne pas le désirer, le vouloir pour elle… de toute ma faiblesse. »


Un renouveau du mariage chrétien me paraît une des réponses que la Providence prépare à l’athéisme moderne. Celui-ci est né de ce que nos contemporains, dans leurs investigations scientifiques de l’univers matériel et dans l’étude des réalités sociologiques qui les préoccupent si fort, n’ont pas su rencontrer Dieu. Ne faut-il pas alors que s’accélère « ce mouvement de descente du sacré dans le profane, de l’éternel dans le temporel, de l’esprit dans la vie » dans lequel Gustave Thibon reconnaît un des signes de notre temps ? Ne faut-il pas, ajouterai-je, cette insertion du mystère du Christ et de l’Eglise  en cette réalité, la plus charnelle et la plus spirituelle à la fois, qu’est un foyer, pour que nos contemporains rencontrent le Dieu qu’ils cherchent à tâtons, souvent même sans s’en douter ?


Aimer l’enfant ce n’est pas d’abord le choyer, le combler, c’est le comprendre et faire éclore sa personnalité.


Le prédicateur vide de Dieu n’est pas plus apôtre que l’imprimeur athée, imprimant la Bible. Ce n’est pas d’abord lorsqu’il est tourné vers les hommes, mais lorsqu’il se tourne vers Dieu, que l’apôtre est le plus utile aux hommes.


Coopérer avec le Christ à la sanctification de votre conjoint est essentiel à votre mission apostolique. « Tu m’es, dit le Seigneur à chacun de vous, un envoyé, un témoin, un coopérateur indispensable pour la sanctification de ton conjoint. Il est vrai que je travaille de bien des façons à en faire un saint : sous la forme du pain eucharistique, je nourris sa vie chrétienne ; sous la forme du prêtre, je lui pardonne quand il ploie sous le péché ; mais sous la forme la plus émouvante, celle d’une épouse tendre, empressée, d’un mari attentif, prévenant, amoureux, je veux être auprès de lui jour et nuit, et lui révéler mon amour, et me l’attacher plus étroitement. »


Un religieux ayant séjourné quelque temps dans une famille nombreuse au cours d’une période de repos, dit, en la quittant, à la maîtresse de maison : « Vous ne vous doutez pas du réconfort, de l’apaisement que peut procurer le contact avec une famille comme la vôtre. Je pense que si un prêtre traverse une crise, il n’a pas de meilleur moyen de retrouver son équilibre. »


Aujourd’hui comme il y a vingt siècles, les prêtres ne peuvent se passer du concours des foyers : le prêtre, c’est le Christ qui va à la rencontre des hommes pour leur adresser le message du Seigneur ; le foyer, c’est l’Eglise qui accueille en son sein pour les protéger, les nourrir et les réjouir, ceux que la parole missionnaire a gagnés à Dieu.