La nature est le temple du Dieu vivant, « non fait de main d’homme » (Ac 17, 24-25), où chaque chose proclame sa gloire, célèbre une divine liturgie, par une parole muette et cependant pleinement intelligible, et confesse sa toute puissance, sa force éternelle et sa divinité.


Lorsqu’une poule a trouvé du grain, elle fait signe à ses petits qui, où qu’ils se trouvent, se précipitent vers elle et pointent le bec là où ils voient le sien. C’est ainsi que, lorsque la grâce divine travaille dans le coeur de l’homme, son esprit y pénètre avec sa conscience, et avec lui toutes les facultés de l’âme et du corps. De là vient que la loi de la demeure intérieure consiste précisément dans le fait d’enclore la conscience dans le coeur. L’effort d’y rassembler les facultés de l’âme et du corps, c’est en cela que consiste essentiellement cet ouvrage ou ce podvig [combat spirituel]. En outre, l’effort de se recueillir et le fait d’être enfermé dans le coeur s’engendrent l’un l’autre si bien que l’un ne va pas sans l’autre. Qui est enfermé dans son coeur, est recueilli, et qui est recueilli se trouve à l’intérieur de son coeur.

Il faut se recueillir dans son coeur, autour de sa conscience, avec toutes ses facultés : l’intellect, la volonté, les sens. Le recueillement de l’intellect et dans le coeur est l’attention ; celui de la volonté est la vigilance ; celui des sens est la sobriété. Attention, vigilance, sobriété sont les trois activités intérieures, grâce auxquelles le recueillement est mis en oeuvre, s’active la demeure intérieure. Celui qui possède les trois activités est un homme intérieur ; celui auquel manque ne serait-ce que l’une d’entre elles, est un homme extérieur.