Ne voudrions-nous pas tous un Dieu qui soit à la mesure de notre foi ?


En quel sens le divin se manifeste-t-il dans l’humanité qui souffre ; en quel sens la douleur se proportionne-t-elle à la sainteté ; en quel sens et pourquoi la rédemption n’inclut-elle pas un plan de justice, mais manifeste seulement la puissance de la compassion ?


On n’a pas le droit de penser à un échec de Dieu pour s’être senti soi-même négligé par Dieu. Mais dans ce cas on ne tient pas compte des silencieuses synopses de l’esprit, des glissements, des coagulations, des phénomènes de condensation, qui, semblables aux cristaux qui se forment dans les solutions saturées, se produisent aux moments les plus incandescents de la vie mentale, et dont l’effet donne à l’âme de recueillir des signaux disparates, d’activer des pensées tenues dans l’ombre. Nous pouvons donner l’impression d’avancer par sauts aventureux, alors que peut-être nous draguons des marais oubliés.


Le remords n’est pas le repentir, c’en est seulement l’image déformée.


Chaque fois qu’un innocent est appelé à souffrir, il rejoue la Passion. Que dis-je, rejouer? Il est la Passion : non pas au sens, bien entendu, où le Seigneur voudrait renouveler en lui son sacrifice, comme j’ai pu le penser parfois par erreur, mais au sens où c’est Lui-même qui est crucifié avec l’innocent. Ce Dieu désarmé pourra vous paraître désespérant. Mais, si l’on y réfléchit, que peut-il y avoir de plus consolant que cette solidarité non de force et de justice, mais de compassion et d’amour ? En vérité, c’est simplement cela, mon ami : la croix de Dieu a voulu être la douleur de chacun ; et la douleur de chacun est la croix de Dieu.