Les moines ont choisi de rester fidèles à une terre et surtout à leur charisme monastique qui en fait avant tout des hommes de prière et des témoins de l’amour du Christ, des disciples du Christ. Signe sur la montagne, ils veulent, dans la continuité du monachisme chrétien nord-africain, manifester la gratuité que le Christ a tellement mis à l’honneur dans l’Evangile et la surabondance de l’amour qui le caractérise. C’est aussi un témoignage de la force de l’humilité dans la vie du chrétien, un signe fort de la kénose. Successeurs de moines venus en conquérants avec la prétention de contribuer à la civilisation des peuples maghrébins et de les faire advenir à un niveau de vie supérieur, les moines ont abandonné cette démarche et sont restés en se laissant accueillir par ceux dont ils entendaient changer le mode de vie, adoptant leur mode de vie et s’accoutumant à leur culture.
Charles de Foucauld, c’est l’interpellation vivante et explicite de toute une vie tendue vers un idéal de fraternité et de sainteté. Il s’adresse aux hommes de son temps, chrétiens et musulmans, dans le langage de l’Evangile. Ni les uns ni les autres ne restent insensibles à ses vertus évangéliques. Il noue des relations étroites par sa simplicité, sa douceur, sa charité, sa grande piété et son sens de la justice. Son imitation de Jésus a pour les musulmans une grande signification morale et spirituelle parce qu’elle reflète la fidélité aux Ecritures. Vivant parmi les Touaregs, il partage leur propre sort et leur condition, voyant en eux non des étrangers mais des voisins, des amis et des frères.