Dans l’Eglise catholique elle-même, il faut veiller soigneusement à s’en tenir à ce qui a été cru partout, toujours, et par tous. Car est véritablement et proprement catholique, comme le montrent la force et l’étymologie du mot lui-même, l’universalité des choses. Et il en sera ainsi si nous suivons l’Universalité, l’Antiquité, le Consentement général. Nous suivrons l’Universalité, si nous confessons comme uniquement vraie la foi que confesse l’Eglise entière répandue dans l’univers ; — l’Antiquité, si nous ne nous écartons en aucun point des sentiment manifestement partagés par nos saint aïeux et par nos pères ; — le Consentement enfin si, dans cette antiquité même, nous adoptons les définitions et les doctrines de tous, ou du moins de presque tous les évêques et les docteurs.
Mais peut-être dira-t-on : « La doctrine chrétienne n’est donc susceptible d’aucun progrès dans l’Eglise du Christ ? » Certes, il faut qu’il y en ait un, et considérable ! Qui serait assez ennemi de l’humanité, assez hostile à Dieu pour essayer de s’y opposer ? Mais sous cette réserve, que ce progrès constitue vraiment pour la foi un progrès et non une altération : le propre du progrès étant que chaque chose s’accroît en demeurant elle-même, le propre de l’altération qu’une chose se transforme en une autre.
Donc, que croissent et que progressent largement l’intelligence, la science, la sagesse, tant celle des individus que celle de la collectivité, tant celle d’un seul homme que celle de l’Eglise tout entière, selon les âges et selon les siècles ! — mais à condition que ce soit exactement selon leur nature particulière, c’est-à-dire dans le même dogme, dans le même sens, dans la même pensée.
Par des promesses les hérétiques ont l’habitude de duper étrangement ceux qui ne se tiennent pas sur leurs gardes. Ils osent promettre et enseigner que, dans leur Eglise, c’est-à-dire dans leur petite chapelle, on trouve une grâce divine considérable, spéciale, tout à fait personnelle ; en sorte que, sans aucun travail, sans aucun effort, sans aucune peine et quand bien même ils ne demanderaient, ni ne chercheraient, ni ne « frapperaient », tous ceux qui sont des leurs reçoivent de Dieu une telle assistance que, soutenus par la main des anges, autrement dit couverts de la protection des anges, ils ne peuvent jamais « heurter du pied contre une pierre », c’est-à-dire être jamais victimes d’un scandale.