Le champ de l’explication rationnelle dépasse celui de l’explication des phénomènes par la science physique, uniquement préoccupée des variations des propriétés quantifiables du réel. Explication rationnelle ne signifie pas nécessairement explication matérialiste. Cette assimilation est illégitime. Plaider pour la théologie naturelle, c’est argumenter pour l’extension du règne de la raison.


Le type de réalité que la science peut connaître est étranger à l’intériorité. (…) La réalité qualitative et subjective de la conscience est un trait indérivable, une propriété intrinsèque qu’il est impossible de réduire ou d’expliquer par autre chose qu’elle-même.


Le kantisme constitue la superstructure idéologique de la démocratie procédurale européenne. En affirmant que les convictions métaphysiques n’ont de valeur autre que subjective et privée, le kantisme justifie l’exclusion de ces dernières hors de l’espace public, qui est un impératif majeur du régime démocratique européen. Ce régime se caractérise en effet par la mise à l’écart de la sphère publique non seulement de la religion, mais de tout engagement métaphysique sur le sens de l’existence, le fondement de la morale, la nature de l’homme, le but de la vie humaine, la définition du bien et du mal, du bon et du mauvais, perçus depuis les Guerres de religion comme sources de querelles et ferments de guerre civile. Le Mal dans ce régime, c’est de prétendre définir le Bien et le Mal.


On peut fort bien reconnaître, pour des motifs politiques, qu’il est préférable de laisser chacun totalement libre d’exprimer ses opinions, tout en considérant qu’il doit exister une vérité.


Que le nombre de miroirs se renvoyant l’image d’une fleur soit infini ou non, il faut une fleur reflétée pour fonder une telle série ; de même, que le nombre de choses se causant les unes les autres soit infini ou non, il faut quelque chose d’incausé pour fonder cette transmission.


L’univers a besoin d’une explication, et cette explication la science ne peut pas la donner, puisque ce sont les explications ultimes de la science elle-même qui ont besoin d’être expliquées.


Les quantités fondamentales et les lois de la nature expliquent tout ce qui peut se passer au sein du monde, mais rien ne peut les expliquer. Elles font que les phénomènes entre eux sont liés par des relations de nécessité hypothétique ; mais elles-mêmes, qui déterminent la totalité des phénomènes physiques, ne paraissent déterminées par aucune nécessité. Elles apparaissent comme totalement contingentes. Autant dire qu’aucune cause à l’intérieur du monde ne peut rendre compte de l’existence du monde.


Il ne faut pas concevoir l’être divin à l’image de l’être des choses finies, et en ce sens penser Dieu sans cet être-là, c’est une évidence que la théologie naturelle ne cesse de marteler depuis qu’elle existe ; Dieu n’a pas l’existence, il est l’existence ; il n’est pas un étant (ens), mais l’être (esse) ; Dieu n’est pas à l’image de l’être créé, c’est le contraire qui est vrai, ce qui implique d’ailleurs au passage que nous ne soyons pas complètement réduits au silence à son sujet.