Nous mettions très haut le paysan français. Entre le dernier petit seigneur rural qui tient le gouvernement de sa chaumière comme les poignées de sa charrue et n’importe quel navet hypocondre passé en une génération de l’épicerie à Polytechnique, nous n’hésitions pas.
Je n’éprouve aucune gêne à déclarer qu’un ouvrier communiste de bonne foi, prêt à se sacrifier pour une cause qu’il croit juste, est infiniment plus près du Royaume de Dieu que les bourgeois du dernier siècle qui faisaient travailler douze heures par jour, dans leurs usines, des enfants de dix ans. On me dira que la Bourgeoisie s’est réformée sur ce point. Je remarque qu’on lui a laissée tout le temps de s’amender, au milieu de la considération générale. Lorsqu’on aura montré autant de patience et d’égards à la classe ouvrière, momentanément égarée par le communisme, nous reparlerons de la mitrailleuse.
Il leur manque la famille, mon bon monsieur. La famille ne valait peut-être pas grand-chose, mais elle était faite pour eux, à leur mesure. Le désordre de la famille était un désordre humain, mille fois plus précieux que votre ordre inhumain. La Monarchie avait fait de notre peuple une famille. On s’y disputait, on s’y battait, on s’y réconciliait, on s’y aimait presque à son insu, comme dans n’importe quelle famille humaine.
Il n’est d’honneur que de la personne, de la famille et de la patrie.
La Monarchie française a eu plusieurs siècles la garde de ce triple honneur, ou pour mieux dire, elle l’a incarné.