C’est Staline, un matin, il se lève. Il fait très beau. Il s’adresse au soleil : Soleil, dis-moi qui est le plus beau, le plus intelligent, le plus fort ? Le soleil n’hésite pas une seconde : C’est toi ô Staline, lumière de l’univers ! A midi, Staline remet ça : Dis-moi Soleil, qui est le plus brillant, le plus génial, le plus remarquable homme de tous les temps ? Le soleil confirme : C’est toi ô immense Staline. Avant le dîner, Staline ne peut résister au plaisir de redemander au soleil qui est le meilleur communiste du monde. Le soleil lui répond : T’es qu’un malade, Staline, un psychopathe, un fou furieux et je t’emmerde, maintenant je suis passé à l’Ouest !


Notre incapacité à convaincre l’autre est la preuve absolue de l’utilité, en fonction de nos moyens, de l’insulte pleine de mépris, du coup de poing, du couteau affilé, du pistolet automatique, du bâton de dynamite relié à un détonateur ou du porte-avion nucléaire. Nos malheurs ont une seule cause : nos opinions sont sacrées. Ceux qui refusent de changer d’avis sont des imbéciles et ceux qui se laissent convaincre aussi.


La poésie demande du temps. Ca ne se fabrique pas à la chaîne. Un écrivain peut se lever le matin et se dire : Je vais écrire cinquante lignes ou cinq cents ou mille mots. Si un poète dit ça, c’est un imposteur. C’est comme les diamants. Quand on les ramasse à la pelle, ils n’ont aucune valeur : c’est du charbon.


Tous les poètes boivent. Plus ils boivent et mieux ils écrivent. Les poètes que j’aime buvaient beaucoup. Ou ils souffraient. S’il n’y a pas de douleur ou si on n’a pas la tête qui tourne un peu, la poésie est fade. Les meilleurs souffraient le martyr et buvaient trop.