Jean de Gand – Cet auguste trône de rois, cette île porte-sceptre, cette terre de Majesté, ce siège de Mars, cet autre Éden, ce demi-paradis, cette forteresse bâtie par la nature pour se défendre contre l’invasion et le coup de main de la guerre, cette heureuse race d’hommes, ce petit univers, cette pierre précieuse enchâssée dans une mer d’argent qui la défend, comme un rempart, ou comme le fossé protecteur d’un château, contre l’envie des contrées moins heureuses, ce lieu béni, cette terre, cette empire, cette Angleterre, cette nourrice, cette mère féconde de princes vraiment royaux, redoutables par leur race, fameux par leur naissance, qui, au service de la chrétienté et de la vraie chevalerie, ont porté la renommée de leurs exploits jusque dans la rebelle Judée, jusqu’au sépulcre du fils bienheureux de Marie, la rançon du monde ; cette patrie de tant d’âmes chères, cette chère, chère patrie, chérie pour sa gloire dans le monde, est maintenant affermée (je meurs en le déclarant), comme un fief ou une ferme misérable. Cette Angleterre, engagée dans une mer triomphante, dont la côte rocheuse repousse l’envieux assaut de l’humide Neptune, est maintenant engagée à l’ignominie par les taches d’encre et par les parchemins pourris !