Paris, Editions Nouvelle Cité, 1984.

Michel Laroche, né en 1943, est un évêque, écrivain et théologien orthodoxe français.


Selon la tradition orthodoxe, le mariage est un sacrement qui exige une prise de conscience essentielle : ce n’est pas l’homme et la femme qui s’unissent devant Dieu. Ni l’homme, ni la femme n’ont en eux, dans leur nature, le caractère d’être un : ils ne peuvent donc se donner ce qu’ils n’ont pas. C’est Dieu qui unit l’homme et la femme dans le sacrement du mariage. Dieu est l’unité même de l’homme et de la femme. Dieu est l’amour même que l’homme et la femme, désormais, partagent et dans lequel ils communient l’un l’autre. p. 54.


Le mariage est l’union réalisée par Dieu seul, après la reconnaissance intuitive, l’élection réciproque de ceux qui, étant deux, homme et femme, désirent vivre dans la très mystérieuse unité divine. p. 55.


Pour le chrétien, toute action et tout travail ne sont justes que lorsqu’ils sont faits devant le Seigneur. Pour un chrétien qui travaille dans un bureau, dans une société, ou pour un employeur, son véritable patron n’est pas son directeur, mais le Christ. p. 62.


Lorsqu’un homme et une femme se reconnaissent et s’élisent devant le Seigneur pour former un couple, ils ont souvent une forme d’intuition du potentiel psychologique et spirituel de l’autre. En effet, le regard véritablement aimant est charismatique.
Si l’homme aime dans l’amour de Dieu, il voit alors l’autre comme Dieu le voit. Il reçoit l’autre comme Dieu lui commande de le recevoir. Le regard que Dieu pose sur l’homme est toujours « en avant » c’est-à-dire non fixé sur le passé de la personne et son présent relatif. Dieu voit l’homme dans l’ultime de ses possibilités. p. 90.


Au tout début de leur rencontre, il est souvent donné aux futurs époux de discerner le potentiel spirituel de l’autre. Mais, parce que les hommes ont oublié les exigences de la vie spirituelle, la prière et surtout le renoncement de soi, ils n’arrivent pas à comprendre cette vision pour ce qu’elle est : une promesse qui ne se réalisera que par beaucoup d’efforts. p. 91.


Alors que dans le cadre d’un monastère ou de la vie semi-érémitique, c’est souvent un ancien, ayant acquis une grande expérience spirituelle et une sainteté réelle, qui corrige et éduque son ou ses disciples ; dans le couple, c’est un être imparfait qui aide un autre être imparfait et est aidé par celui-ci. p. 92.