Ca me prend parfois : je vais vers un inconnu et je me mets sans aucune modération à lui parler des fins dernières de la vie dont je ne sais rien. J’ai un curé dans la gorge, il faudrait que je tousse avant de parler.


Il faut avoir une force terrible pour supporter de lire un seul poème. Aller au-devant d’une phrase comme au-devant de sa propre mort. Accepter de n’être plus protégé par rien et recevoir le coup de grâce d’une parole claire en son obscurité.


Simplement dire la brièveté de l’éternel, très simplement et c’est le coeur qui s’affole comme une petite bête sauvage quand l’épervier fond sur elle.


Ils sont partout sauf en eux, ces gens qui font le tour du monde.


Hier devant l’épicerie, j’ai vu un canard traverser en se dandinant le passage pour piétons. Il n’est pas sorti des clous. Un notaire avec des plumes. Appliqué, grave, très lent, il portait sur lui le saint sacrement du sérieux, la fanfare du monde lourd.


La lecture est un billet d’absence, une sortie du monde.


Je veux passer ma vie à lire des poèmes en attendant que le grand Poète me cueille.